Trois équipes (de l’University College London, de la Davis School of Gerontology de l’University of Southern California (USC) et de la Washington University School of Medicine à St Louis) ont mené des tests de restriction calorique sur des rongeurs et ont constaté que ces restrictions alimentaires avaient un impact important sur les voies moléculaires liées au processus de vieillissement.
Les résultats de cette étude, publiés dans la revue Science, montrent qu’une restriction calorique se traduit non seulement par une prolongation de la durée de vie, mais également par une meilleure santé, car cela nous permet d’éviter un grand nombre de maladies associées à l’âge.
Les résultats ont également montré que dans les organismes moins complexes, une limitation calorique pouvait doubler, voire tripler la durée de vie. Mais l’objectif premier de la recherche était d’améliorer notre qualité de vie et de nous aider à éviter les maladies liées au vieillissement et non pas de prolonger la durée de vie jusqu’à 120 ou 130 ans. À l’heure actuelle, l’espérance moyenne de vie dans les pays occidentaux est d’environ 80 ans, mais la plupart des gens ne sont en bonne santé que jusqu’à 50 ans. Les auteurs souhaitent utiliser ces découvertes sur la restriction calorique et d’autres interventions génétiques ou pharmacologiques connexes pour combler ce fossé de 30 ans entre l’espérance de vie et ‘l’espérance de vie en bonne santé’. Cependant, en prolongeant la durée de vie en bonne santé, l’espérance de vie moyenne pourrait également augmenter jusqu’à 100 ans.
L’équipe de recherche a réduit l’apport calorique des rongeurs de 10 à 50%, ce qui s’est traduit par une diminution de l’activité des voies impliquant un facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF-1) et le glucose. Une telle réduction des calories a permis de considérablement augmenter la durée de vie des rongeurs, et de réduire leur susceptibilité aux maladies liées au vieillissement telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires et les problèmes cognitifs.
Environ 30% des animaux soumis à une restriction alimentaire décèdent à un âge avancé sans développer de maladies normalement liées à l’âge. En revanche, la grande majorité (94%) des animaux suivant un régime alimentaire normal développent des maladies telles que le cancer ou des maladies cardiaques et en décèdent. Chez 30% à 50% des animaux soumis à une restriction alimentaire l’espérance de vie en bonne santé est similaire à la durée de vie. Ils finiront par mourir, mais ils ne tombent pas malades.
Des expériences similiaires avaient été réalisées avec des singes primates avec des résultats similaires.
La recherche est particulièrement pertinente au vu de l’augmentation fulgurante de l’obésité dans le monde occidental. Le surpoids ou l’obésité peuvent mener à des maladies graves telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains types de cancer. L’obésité infantile est un problème particulièrement inquiétant à une époque où des milliers d’enfants se nourrissent principalement de «malbouffe» (la bien connue «junk food») qui pourrait entraîner des problèmes de santé chroniques et de surpoids à l’âge adulte.
D’après le professeur Fontana, les tendances alimentaires actuelles ne feront qu’augmenter, et non réduire, ce fossé de 30 ans entre l’espérance de vie et de vie en bonne santé. Notre espérance de vie pourrait également diminuer, étant donné que des milliers d’entre nous développent des maladies liées à une mauvaise alimentation pouvant être évitées, notamment le diabète de type 2.
Source : Science 16 April 2010: Vol. 328. no. 5976, pp. 321 – 326 DOI: 10.1126/science.1172539
Extending Healthy Life Span—From Yeast to Humans by Luigi Fontana,1,2,* Linda Partridge,3,* Valter D. Longo4,*
When the food intake of organisms such as yeast and rodents is reduced (dietary restriction), they live longer than organisms fed a normal diet. A similar effect is seen when the activity of nutrient-sensing pathways is reduced by mutations or chemical inhibitors. In rodents, both dietary restriction and decreased nutrient-sensing pathway activity can lower the incidence of age-related loss of function and disease, including tumors and neurodegeneration. Dietary restriction also increases life span and protects against diabetes, cancer, and cardiovascular disease in rhesus monkeys, and in humans it causes changes that protect against these age-related pathologies. Tumors and diabetes are also uncommon in humans with mutations in the growth hormone receptor, and natural genetic variants in nutrient-sensing pathways are associated with increased human life span. Dietary restriction and reduced activity of nutrient-sensing pathways may thus slow aging by similar mechanisms, which have been conserved during evolution. We discuss these findings and their potential application to prevention of age-related disease and promotion of healthy aging in humans, and the challenge of possible negative side effects.
1 Division of Geriatrics and Nutritional Science, Washington University School of Medicine, St. Louis, MO 63110, USA.
2 Division of Nutrition and Aging, Istituto Superiore di Sanità, Rome, Italy.
3 Institute of Healthy Aging, and G.E.E., University College London, London WC1E 6BT, UK.
4 Andrus Gerontology Center and Department of Biological Sciences, University of Southern California, Los Angeles, CA 90089, USA.
* E-mail: lfontana@dom.wustl.edu (L.F.); l.partridge@ucl.ac.uk (L.P.); vlongo@usc.edu (V.D.L)