Depuis une étude assez controversée, publiée en juin 2009, la relation entre cancer et diabète est devenue un sujet très débattu. Cette étude, d’observation allemande, suggérant un effet potentiellement cancérigène de l’insuline Lantus, contenait de nombreux défauts méthodologiques et a été démentie par la suite (voir Journal du diabétique…)
Mais cette étude a eu au moins le mérite de mettre en lumière la thématique.
En général, peu d’études ont porté sur la relation cancer et diabète de type 1. Mais un lien entre cancer et hyperglycémie dans le cadre d’un diabète de type 2 est indéniable. Toutes les grandes études épidémiologiques ont pu démontrer une discrète augmentation du risque de cancer chez des patients en hyperglycémie chronique.
Au Japon par exemple, une étude sur presque 100 000 personnes a montré un risque accru de cancer de 27 % chez les hommes et de 21 % chez les femmes, par rapport aux non diabétiques.
En Suède, sur près de 65 000 personnes suivies sur huit ans, les 2500 cancers découverts étaient plus fréquents de 25 % chez les femmes diabétiques.
La plus grande étude, à ce jour, provient de Corée, avec un suivi de presque 1,3 millions de personnes sur 10 ans et avec des incidences de cancers significativement plus fréquents chez les personnes en hyperglycémie.
La sphère digestive (foie, pancréas, colon, voies biliaires…) représente la localisation où le risque de cancer est le plus significatif par rapport aux sujets dont la glycémie est normale.
Il convient de préciser que ce sont des études d’observation. Elles ne permettent pas d’établir un lien de causalité entre l’exposition à un facteur et la survenue d’une maladie.
Par exemple, la probabilité de découverte d’un cancer chez une personne diabétique est également accrue par le suivi médical nettement plus rapproché qu’impose cette maladie chronique.
Par ailleurs, l’obésité est également un facteur associé à une augmentation du risque de cancer, indépendamment de tout diabète, ce qui peut jouer un rôle ou un biais dans l’évaluation de la relation entre cancer et hyperglycémie.
Il y a bien sûr également une influence du mode de vie sur la fréquence des cancers. On pourrait imaginer un mécanisme commun, susceptible de favoriser à la fois la survenue du diabète et l’apparition d’un cancer. Dans ce cas de figure, il n’y aurait pas de lien direct de causalité. L’alimentation trop riche et le manque d’activité physique sont connus pour influencer la survenue de cancer mais également d’augmenter le risque de diabète. Par exemple, aux Etats-Unis, environ 35 % des cancers sont attribuables aux habitudes alimentaires. Par contre, les populations qui ont une alimentation riche en légumes et en fruits, avec des apports réduits en graisses animales et en calories totales développent moins de cancer et moins de diabète.
Certains traitements contre les diabètes, comme par exemple la metformine, peuvent aussi avoir un effet bénéfique. Dans une province du Canada, où toutes les prescriptions sont systématiquement enregistrées dans une base de données, 10 000 personnes avaient reçu une nouvelle prescription pour des sulfamides hypoglycémiants ou de la Metformine. Ce groupe a été suivi sur une durée de plus de cinq ans. La mortalité par cancer a été de 4,85 % pour les utilisateurs de sulfamides et seulement de 3,52 % pour ceux mis initialement sous Metformine. Cependant, cette étude n’a pas pris en compte des facteurs éventuels de biais tels que le tabagisme ou l’indice de corpulence.
En Écosse, une étude réalisée sur plus de 300 000 personnes montrait une diminution du risque de cancer sous Metformine d’environ 20 %.
En conclusion :
Une relation de causalité entre hyperglycémie, obésité et cancer est vraisemblable, où l’insulinémie (taux d’insuline dans le sang) et les facteurs de croissance, comme l’IGF 1 (insulin-like growth factor) jouent un rôle important.
L’augmentation des mauvaises habitudes de vie (alimentation mal équilibrée et sédentarité) engendre une augmentation de la fréquence de l’obésité, du diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires et parallèlement de certains cancers. Il apparaît urgent de développer des programmes de prévention en visant une amélioration de l’hygiène de vie. Le développement d’un programme national nutrition santé et d’éducation thérapeutique semble essentiel pour prévenir une vague de maladies chroniques et de cancers dans les futures générations.
pour plus de renseignements sur le diabète: www.ALD.lu