Malgré des résultats encourageant de précédentes études, le dépistage du cancer prostatique reste de nos jours controversé. On cite souvent le risque accru de sur diagnostics, qui peuvent mener à des traitements inutiles et à des effets secondaires non négligeables. Ici nous rapportons des données de l’Etude Européenne Randomisée du Dépistage du Cancer de la Prostate (ERSPC) qui a examiné la réduction de la mortalité spécifique.
L’ERSPC est un essai multicentrique, randomisé, avec un dépistage du cancer de la prostate utilisant le dosage du PSA. La mortalité spécifique dans un groupe « dépistage » a été comparé avec celle d’un groupe contrôle.
L’étude a inclut 162.388 hommes âgés de 50 à 74 ans (âge moyen: 60,2 ans) à partir de 1993 aux Pays-Bas et en Belgique. Ensuite elle a été étendue à d’autres pays européens. L’intervalle entre 2 dépistages était en moyenne de 4 ans. Le seuil amenant à proposer une biopsie prostatique retenu était un taux de PSA supérieur ou égale à 3,0 ng/mL. A 13 ans de suivi, on dénombre 7.408 cancers dans le groupe intervention versus 6.107 dans le groupe contrôle. En tout il y a eu 23.574 tests de dépistage positifs amenant à pratiquer 20.188 biopsies.
Même si à 13 ans, l’incidence du cancer de la prostate s’établit dans le groupe « dépistage » à 9,55/1.000 personnes -années (P-A) versus à 6,23 dans le groupe contrôle, la mortalité spécifique s’établit à 0,43/1.000 dans le premier groupe et 0,54/1.000 dans le second. Ceci signifie une baisse du risque relatif (RR) à 0,79 (p = 0,001).
En valeur absolue, la réduction du risque de cancer de la prostate à 13 ans induit par le dépistage est de 0,11 /1.000 personnes-années (ou 1,28 pour 1.000 hommes randomisés), correspondant à un cancer de la prostate mortel prévenu pour 781 hommes amenés à se faire dépister. Par contre, aucune différence significative n’a été relevée entre les 2 groupes concernant la mortalité de toutes causes. A noter que cette baisse de la mortalité est seulement significative pour les centres danois et hollandais. La même étude confirme le risque de sur diagnostic.
Schröder FH, et al. Screening and Prostate Cancer mortality : results of the European Randomised Study of Screening for Prostate Cancer (ERSPC) at 13 years of follow- up. Lancet 2014